Domaine des belles palmeraies, le Djérid est un des pays les
plus anciens et les mieux individualisés du bas Sahara.
Dès lAntiquité, il doit sa réputation
dopulence aux oasis échelonnées sur la bordure
septentrionale dune vaste sebkha, improprement appelée
le chott el-Djérid. Leur existence est liée à
des essaims de grosses sources, émergences naturelles
dabondantes nappes artésiennes localisées dans
les sables mio-pliocènes et dans les calcaires du
Crétacé supérieur qui affleurent dans la
région. Ces eaux ont permis lextension de
lirrigation à Tozeur, à Nefta, à El Hamma
et à El Oudiane. Des palmiers produisent des dattes
commerciales de haute qualité (deglat en nour). Les palmiers
constituent la plante de base des jardins vergers ; la culture
dautres arbres fruitiers (grenadiers, figuiers, abricotiers,
bananiers) et de légumes ne représente quun
revenu complémentaire.
Dune façon générale, cette culture
minutieuse est pratiquée par des propriétaires parfois
étrangers au pays, la plupart très modestes, ou par des
métayers (khammès ), aidés temporairement par
des ouvriers. Mais une grande inégalité existe dans la
répartition des palmiers ; en conséquence,
limportance relative du faire-valoir direct et du
métayage varie notablement selon les oasis. La concentration
de la propriété et le développement du
métayage atteignent leur maximum dans celle de Tozeur. Dans
celle de Nefta, et surtout dEl Hamma et dEl Oudiane,
lexploitation directe par de nombreux très petits
propriétaires est beaucoup plus répandue.
À linégalité de la répartition des
revenus sajoute la disparition dautres ressources pour
expliquer la misère dune grande partie de la population
: cessation du trafic caravanier transsaharien (esclaves soudanais)
qui aboutissait à Tozeur et Nefta jusquau XIXe
siècle, déclin de lartisanat avec les produits
fabriqués venus dEurope. Sous le protectorat
français, la pression démographique croissante a encore
accentué cette misère. Lessor du tourisme a
été favorisé par le charme des oasis et
létrangeté du chott ; il ne réanime
cependant que modérément Tozeur (20 000 hab. environ en
1984), chef-lieu du gouvernorat homonyme, centre du conditionnement
et du commerce des dattes, et Nefta (15 500 hab. en 1984)
réputée pour sa « corbeille » au creux de
laquelle se groupent les sources qui alimentent sa palmeraie.